Laurent-Martial-Stanislas Boutroüe

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Laurent Martial Stanislas Boutroüe
Fonctions
Député de la Sarthe

(3 ans, 1 mois et 20 jours)
Biographie
Nom de naissance Laurent Martial Stanislas Boutroüe
Date de naissance
Lieu de naissance Chartres (Eure-et-Loir)
Date de décès (à 58 ans)
Lieu de décès Cherré (Sarthe)
Nationalité Drapeau de la France Française
Parti politique Montagne
Fratrie Frère du colonel Jules Alexandre Léger Boutroue
Profession Notaire
députés de la Sarthe
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Laurent Martial Stanislas Boutroüe, né le 11 mars 1757 à Chartres (département d'Eure-et-Loir), mort le 28 février 1816 à Cherré (département de la Sarthe)[1], est un homme politique de la Révolution française.

Biographie

Avant la Révolution

Laurent Boutrouë est issu d'une famille bourgeoise. Son père Joseph François Laurent B. est marchand-bonnetier, marié à Marie-Louise Ligion. Son frère cadet Jules Alexandre Léger Boutrouë rejoint le 1er bataillon de volontaires de la Sarthe en 1791 et meurt en 1805 lors de la bataille de Caldiero.

Laurent Boutrouë étudie l'italien auprès de Louis-Henri Horeau, procureur de Chartres, chez qui il côtoie Jacques-Pierre Brissot[2]. Celui-ci le décrit a posteriori dans ses mémoires rédigées en prison comme « vif, pétulant, plein d'esprit » mais déplore « quel mauvais génie le précipita dans le maratisme »[3].

En 1781, il achète la charge notariale à Gréez-sur-Roc. Il demeure, à ce moment-là, dans le bâtiment occupé actuellement par la mairie du village. L'année suivante il est reçu à la sénéchaussée du Maine, dont le siège est alors au Mans.

La Révolution

À Chartres, le , Boutroüe est initié avec son frère à la franc-maçonnerie, dans la loge la Franchise, dont est également membre le futur conventionnel et beau-frère du général Marceau, Antoine Louis François Sergent. Il est nommé au directoire du département par le conseil général de la Sarthe le .

Mandat à la Convention

La monarchie constitutionnelle prend fin à l'issue de la journée du 10 août 1792 : les bataillons de fédérés bretons et marseillais et les insurgés des faubourgs de Paris prennent le palais des Tuileries. Louis XVI et sa famille sont incarcérés à la tour du Temple.

En septembre 1792, Laurent Boutrouë est élu député du département de la Sarthe, le cinquième sur dix, à la Convention nationale[4]. Il siège sur les bancs de la Montagne. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[5]. En avril 1793, il vote contre la mise en accusation de Jean-Paul Marat : « J'adopte les motifs énoncés par Thirion [député montagnard de la Moselle] ; j'ajoute que je ne puis décréter d'accusation un patriote, pour avoir appelé le glaive vengeur du peuple sur la tête des conspirateurs »[6]. En mai de la même année, il vote contre le rétablissement de la Commission des Douze[7]. En juin, il est élu membre du Comité d'instruction publique[8].

Après la chute de Robespierre, Laurent Boutrouë siège parmi les « derniers montagnards » selon l'historienne Françoise Brunel. En nivôse an III (décembre 1794), Boutrouë est élu membre de la Commission des Vingt-et-Un, chargée d'examiner la conduite des anciens membres du Comité de Salut public et de Sûreté générale, Bertrand Barère, Jacques-Nicolas Billaud-Varenne, Jean-Marie Collot d'Herbois et Marc Vadier[9]. Lors de l'insurrection du 12 germinal an III, il signe la demande d'appel nominal alors que les quatre accusés sont décrétés de déportation à l'île d’Oléron[10]. En thermidor an III (août 1795), il s'efface de la Convention, obtenant un congé de trente jours pour maladie[11].

Sous le Directoire

Lors des élections législatives de l'an VI, Laurent Boutrouë, devenu administrateur du canton de Montmirail, est élu député de la Sarthe au Conseil des Cinq-Cents. Son élection est cassée par la loi du loi du 22 floréal an VI[12], qui exclue des Cinq-Cents et du Conseil des Anciens une centaine d'élus de tendance jacobine[13].

Procès de Fouquier-Tinville.

Un ancien conventionnel proscrit

Laurent Boutrouë signe l'Acte additionnel lors des Cents-Jours. Il est visé par la loi du 12 janvier 1816 qui condamne à l'exil les conventionnels qui ont voté la mort de Louis XVI et qui ont soutenu Napoléon Bonaparte. Il meurt un mois plus tard. Le clergé de la Ferté-Bernard refuse l'inhumation de Boutroüe dans le cimetière public[14].

Bibliographie

  • « Laurent-Martial-Stanislas Boutroüe », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • André Bouton, Les Franc-Maçons manceaux et la Révolution française (1741-1815), Le Mans, Imprimerie Monnoyer, 352 p.
  • Jacques-Philippe Giboury, Dictionnaire des régicides : 1793, Paris, Perrin, 1989, p. 63 [en ligne] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k48123880/f67.item.r=Boutrou.

Références

  1. « Acte de décès de Laurent Boutroüe - Archives départementales de la Sarthe », sur archives.sarthe.fr (consulté le )
  2. Régis Coursin, « Chapitre I. La voie de la sublimation. Brissot, noble d’esprit », dans Jacques-Pierre Brissot : Sociologie historique d’une entrée en révolution, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 25–78 p. (ISBN 978-2-7535-9202-5, lire en ligne)
  3. Brissot, Jacques-Pierre (1754-1793), « Mémoires de Brissot / avec introduction, notices et notes par M. de Lescure » Accès libre, sur www.gallica.bnf.fr, (consulté le )
  4. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 57.
  5. Froullé, Jacques-François (≈1734-1794), « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] » Accès libre, sur www.gallica.bnf.fr, (consulté le )
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 42.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 535.
  8. James Guillaume, « Les premiers travaux du Comité d’instruction publique de la Convention nationale, relatifs à l’organisation de l’instruction, d’octobre 1792 à juillet 1793 (fin) », Revue pédagogique, vol. 21, no 2,‎ , p. 208–225 (lire en ligne, consulté le )
  9. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°99 du 9 nivôse an III (29 décembre 1794), Convention nationale, séance du 7 nivôse (27 décembre), p. 3-4.
  10. Françoise Brunel, « Les derniers Montagnards et l'unité révolutionnaire », Annales historiques de la Révolution française, vol. 229, no 1,‎ , p. 385–404 (DOI 10.3406/ahrf.1977.1009, lire en ligne, consulté le )
  11. Convention nationale, « Décrets prononcés dans la séance du 21 thermidor de l'an troisième de la République française une et indivisible. » Accès libre, sur www.gallica.bnf.fr, (consulté le )
  12. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°236 du 26 floréal an VI (15 mai 1798), Conseil des Anciens, séance du 22 floréal (11 mai), p. 3.
  13. Jean-René Suratteau, « Coups d’État du Directoire (Les) », p. 300-306 in Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, 1989, réédition collection « Quadrige », 2005, 1132 p.
  14. « Boutroue : député conventionnel - Fiche personnalité - CRGPG », sur www.perche-gouet.net (consulté le )
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